jeudi 1 mai 2014

Bouffée de schizophrénie parentale

Voilà, les marmots sont partis pour une semaine de vacances chez leurs grands-parents. Depuis quelques jours j'attendais cet instant avec impatience, fatiguée par l'agitation permanente et les concerts de hurlements.

Ça y est, je suis seule (en attendant le retour de M. Kalee), la maison est vide, calme et silencieuse. Je suis soulagée. Oui, mais j'ai le blues. Je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts. A quoi est-ce que j'occupais mes journées, avant? Avant qu'ils ne viennent prendre toute la place...
Je me suis couchée pour faire une sieste, je n'ai pas réussi à m'endormir avant d'avoir reçu le SMS de Belle-maman pour me dire qu'ils étaient bien arrivés.

Ils ont été épuisants ces derniers temps... Ils ne tiennent jamais en place. Ça court, ça tombe, ça crie, ça pleure, ça se chamaille, ça glousse, et puis ça hurle encore un peu.
Samedi dernier, j'ai pété un plomb, alors qu'ils se disputaient pour la énième fois pour la même pièce de puzzle. J'ai hurlé mon énervement comme je crois n'avoir jamais hurlé. J'ai eu vraiment, très très envie de les frapper. A la place j'ai balancé le puzzle par terre, et j'ai renversé une chaise. Je sais parfaitement que c'est ridicule, et que c'était une réaction totalement inadaptée. Je me suis laissée déborder par mes émotions, rien que d'y repenser mes larmes coulent. J'ai été cette mère que je déteste être. Parce que je sais que ce n'est pas celle dont ils ont besoin. Que ce genre de réaction fait du mal à tout le monde. A eux parce qu'ils ont eu peur, et qu'ils avaient besoin d'être contenus, à moi parce que je m'en veux terriblement après, et même pendant.

Pris chacun séparément ils sont mignons, gentils, calmes. Mais dès qu'ils sont ensemble c'est le tsunami, l'agitation permanente, qu'elle soit positive ou négative. Pour moi qui suis une personnalité calme et posée, j'avoue, c'est très dur à gérer.

Et bientôt ils seront trois. On m'a dit plusieurs fois "ça va peut-être se calmer avec l'arrivée du troisième"... Hum, j'en doute plus que fortement, je crains même plutôt l'inverse.
Pour me convaincre que ça irait, je m'étais construit un petit film selon lequel le troisième serait une fille, douce et tranquille, pas bruyante, la même enfant que j'étais moi-même aux dires de mes parents, qui n'ajouterait donc pas sa part à la folie ambiante.
Donc lorsque j'ai appris il y a 2 jours que non, ça serait encore un garçon, j'avoue, ça a été dur. Déjà à long terme parce que je ne prévois pas d'avoir d'autre enfant après, ce qui veut dire renoncer à jamais être maman d'une petite fille, chose qui me tenait à coeur. Et puis à court terme parce qu'il va falloir arriver à gérer trois fous du roi sans devenir complètement marteau...
Je sais que ces projections sont un peu stupides, parce que je sais très bien que fille ne veut pas forcément dire enfant calme et facile, j'en ai des exemples quotidiens autour de moi. Les filles hurlent et pleurnichent aussi bien que les garçons. Et tous les garçons ne sont pas des tornades comme ces deux-là, je ne peux pas savoir quel sera le caractère de celui-ci. Peut-être sera-t-il calme et facile... On peut toujours espérer.

Oui j'ai un peu peur des mois et années à venir... Quand PetitMarmot est venu s'incruster dans notre lit ce matin à 6h40 après s'être endormi à 23h passées, je me suis imaginé la même scène après une nuit de tétées et de berçage d'un nouveau-né. Le manque de sommeil me nuit très rapidement, c'est une de mes plus grandes craintes.
Quand les deux galopent dans la baraque en hurlant je me demande comment diable un nourrisson arrivera à faire la sieste dans ce brouhaha. On m'a dit que ça n'était pas un problème, je l'espère de tout coeur...
Quand je m'imagine les week-ends d'absence de M.Kalee et que je me vois en train de gérer les trois seule, j'ai peur. C'est déjà dur avec deux...

Allez soyons fous, imaginons qu'on va y arriver, que ça ne sera pas si terrible que ça. Après tout, on les a voulu ces marmots, on les aime, si fort, et ils nous aiment.
Oui ils nous feront tourner en bourrique, oui on sera fatigué, oui il y aura des crises. On essaiera de faire de notre mieux pour qu'il y en ait le moins possible (vite, ressortons les bouquins de Filliozat).
On ne retiendra que les bons moments, les éclats de rire, les bouquets de fleurs coupées trop court, les câlins, les "Maman t'es belle".
Ce matin, alors que je venais de le gronder, PetitMarmot est allé chercher son frère pour lui demander un câlin de réconfort. Ça m'a scotchée. Je me suis dit, quand même, malgré toutes les disputes, ils ont quelque chose entre eux, qui n'appartient qu'à eux. J'espère qu'ils auront la même complicité avec le petit troisième. Même si ça doit augmenter le niveau sonore d'un cran supplémentaire.

On continuera à attendre avec impatience les périodes de vacances chez les grands-parents, et à être tout désemparé quand ils ne sont pas là. Ils nous manqueront au bout de 3 heures, alors qu'on a eu envie de les perdre dans la forêt 3 heures avant.
On les aimera de tout notre coeur, tout en ayant envie régulièrement de les enfermer au fond de la cave.

La parentalité, cet état si proche de la schizophrénie...